Comme reflété dans la revue de presse des interventions de Genre et Ville à propos du Plan du Gouvernement contre le harcèlement sexiste dans les transports, ce plan était attendu et plébiscité par l’ensemble des Associations Féministes et au delà par les Associations qui luttent contre les Discriminations, et notamment les associations LGBT.
Il s’agit en effet de violence systémique et non de faits individuels. Ainsi, le harcèlement sexiste et homophobe, comme l’a rappelé le Ministre des Transports Alain Vidalie, n’est pas une Gauloiserie que l’on pourrait pardonner avec légèreté mais bien un délit.
Il était donc grand temps de nommer le harcèlement et les harceleurs et de sortir ce phénomène de l’invisibilité, en effet, tout ce qui n’est pas nommé à tendance à disparaitre ou à ne pas exister.
En revanche, pourquoi cette introduction au plan par le Ministre Bernard Cazeneuve?
En axant les réponses et la communication de ce plan sur la sécurité, ne risque-t-on pas de brouiller le message et d’envoyer les mauvais signaux?
En effet les incivilités et crimes dont le harcèlement sexiste et les violences sexuelles font partie, sont un fait sociétal qui devra être solutionné autrement que par un discours sécuritaire, au risque, comme indiqué dans un article du site pop-up urbain[i] du 24 sept 2013, « pour les institutions, l’état, [ou les transports publics], de récupérer la colère légitime des féministes, des femmes ou de tout individuE oppresséEs dans les transports, afin de policer un peu plus la société. De nous vendre un peu plus de surveillance, de panoptique, de flicage, sous des prétextes d’égalité. »
La régulation face au harcèlement se fera, bien évidemment par des campagnes d’information, c’est ainsi que Sydney Baloue, membre de notre équipe à proposé la possibilité d’envoyer des SMS lors de harcèlement ou d’agression, proposition reprise par le gouvernement.
Mais surtout le changement de paradigme passera par ce que nous saurons mettre en place par l’imagination et la créativité.
Notre optique à Genre et Ville est bien de retravailler l’espace public et son organisation en profondeur, plutôt qu’une aseptisation par la surveillance, nous proposons une remise en partage de l’espace public et des lieux publics. Plus d’animation – par les artistes par exemples, et moins de marchandisation – moins de pub!
Voir ici un article de Blog en Commun
Voir ici les affichettes ironiques d’un artiste dans le métro
Voici ici la vidéo du conducteur de métro qui fait chanter la rame…
Voir ici la transformation d’une rame de métro pour Noël
Voir ici une Video de Urban Art Paris avec l’artiste grapheuse Kashink
Dans les transports publics, les ambiances peuvent être largement transformées à travers les messages transmis dans les hauts parleurs. Des messages bienveillants, informatifs, voire poétiques ou drôles, à la place des injonctions sécuritaires sur les pickpockets par exemple… Clin d’oeil au changement d’ambiance et aux sourires échangés entre voyageurs et voyageuses lors d’une annonce spontanée par un conducteur de métro.
Enfin, autre champ d’action pour Genre et Ville, le pouvoir d’agir. Il s’agit bien de changer les mentalités en profondeur et de proposer à toutes et tous de revendiquer sa place dans l’espace public, d’où nos campagnes d’actions #MêmePasPeur et #MêmePasSages
Autant d’éléments qui replacent le plaisir commun au coeur de nos échanges dans l’espace, légitiment de fait notre présence, et laissent moins de place à la violence, l’invective et le harcèlement.
Retrouver nos propos dans:
et aussi en direct sur France Info et RFI le 9 Juillet 2015
[i] Genre et transports publics : la guerre des territoires