Le Bois de Vincennes c’est quoi ?
Le Samedi 20 Octobre 2012, nous avions prévu une sortie au Bois de Vincennes. Une pluie battante nous a rabattuEs vers le café coopératif « Les pères populaires ». Occasion épatante pour donner libre cours à nos imaginaires et exprimer pour chacunE « Le Bois de Vincennes, c’est quoi ? »
Frédéric: « Un piquenique pelouse au bord du lac Daumesnil et un village de sans-abris!». Le bois de Vincennes c’est 11 millions de visiteurs par an, c’est le deuxième site le plus visité de Paris après la Tour Eiffel. Alors quelle est sa fonction ? Nature ou pas Nature ? Espace Naturel ou originel ? Par exemple à Sao Paulo on a laissé en pleine ville un espace complètement naturel, sans équipements ni aménagements… Pour les parisien-ne-s, aller en forêt c’est Vincennes ou Fontainebleau, symboles de la forêt à Paris. Il y a des milliers de sans-abri dans le Bois de Vincennes. Certains campent, d’autres ont fait des jardins, c’est un petit village. Toléré. Qui ne va pas sans problème, composer avec les différentes communautés, il y a des familles avec enfants… Les aspects pratiques aussi, comme par exemple gérer les déchets.
Chris: « Une fausse nature, un peu grise, qui me donne un sentiment d’artificiel. C’est poussiéreux». J’ai grandi à la campagne et n’ai jamais l’impression de retrouver mes marques au bois de Vincennes. J’ai toujours le sentiment que c’est sans couleurs, qu’il y a des chemins partout, que la nature est abimée.
Florence dM: « Qu’est-ce que la vraie nature ? Est-ce que la Beauce c’est la vraie nature ? Une vraie nature sans activité humaine… » Ce que j’aime au bois de Vincennes c’est l’odeur du sous-bois. Il n’y a pas beaucoup d’endroit avec cette odeur. C’est aussi la possibilité de glanage… La diversité de paysage peut amener à la diversité des usages et j’ai l’impression que les espaces qui fonctionnent le mieux sont ceux qui ne sont pas hyper-spécialisés, qui laissent la possibilité à d’autres usages… Le bois de Vincennes c’est aussi un endroit vide qu’il faut remplir et qui devient un fourre-tout. On y trouve même une aire de jeu pour enfant juste au-dessus du périphérique ! Sur la sécurité et la peur, c’est intéressant. Je n’ai pas peur. Quand j’étais petite on nous a appris à ne pas avoir peur du noir, que le noir ça peut protéger aussi. Quand on éteint la lumière, peu à peu notre regard s’habitue… on se met à distinguer les choses.
Pascale: « Traces sur traces, la grande histoire se mêle à nos histoires, sommes-nous libéré-e-s de nos peurs du bois ? Pouvons-nous penser le bois comme la nature de demain ? » La nature est architecturée à fond ! En opposition à l’idée d’une nature sauvage, d’une aventure et d’espace de liberté, le bois de Vincennes, aurait dû par sa différence qualifier la ville et en fait, il est mangé par la ville. Il est suréquipé, extrêmement organisé et d’ailleurs on y trouve dès l’entrée un panneau qui indique que l’on est sous télésurveillance. Cet espace est donc géré comme n’importe quelle rue de Paris.
Florence P: « 3 choses – 3 modalités ». En famille, on se pose on pique-nique, on joue. En couple, c’est la flânerie amoureuse, l’exploration du territoire. Seule, c’est la course à pied, l’entrainement. En vérité j’habite porte d’Orléans et c’est un peu loin pour moi, je privilégie la Cité Universitaire ou les parcs proches.
Michèle (a habité des années St Mandé): « Le bois c’est la forêt de près, avec ses écureuils… et c’est un espace culturel important, il y a la cartoucherie, le parc floral, le sport… C’est Paris et ce n’est pas Paris, c’est de l’autre côté du périph ». Le pédiatre disait : « Vos enfants sont malades parce qu’au bois, ils récupèrent tous les microbes de Paris! » Le bois était très important pour nous, j’avais 3 garçons toniques, et pouvoir les lâcher dans la nature… Je gérais la maison et « envoyait mes 4 hommes au bois ! ». Lâcher les gosses, s’aérer… bon, en même temps c’était très contrôlé de les lâcher au bois, on ne les laissait pas tout seul. L’expérience de la liberté ils la vivaient ailleurs, sur la place du marché, là ou il y avait du monde, on pouvait leur faire confiance, les laisser se débrouiller. Au bois, non, trop de dangers, on avait peur qu’ils se perdent, se fassent agresser… et il y a trop de monde autour. Le bois j’y allais seule ou avec mes copines, le matin, ou l’après-midi, après 18h. Les parisiens envahissent le bois l’après-midi, alors on n’y allait pas à ce moment-là.
Nathalie: « Pour moi c’est la Foire du Trône ». Les piques-niques, les visites au Parc Floral pour les concerts, un lieu de sport pour jouer au freesbee. Comme jardin ? Non, c’est trop propre, trop policé. Assez vieillot, pas très chouette, peut-être parce que c’est à la périphérie ? Même le parc Floral est artificiel… Je préfère les Buttes Chaumont ou le Parc de Belleville, en hauteur, ou la vue est spectaculaire… C’est plus petit, en plus c’est à côté de chez moi, à moins de dix minutes…
Géraldine: « J’ai du mal à me le représenter comme un bois, il y a beaucoup trop de routes goudronnées ». Le Parc Floral prime sur le bois. En fait, je connais peu de gens qui utilisent le bois. C’est pas facile de trouver un circuit pour se promener ou tu ne croises pas des voitures ou des chemins. On est en permanence « coupé » dans sa promenade, il n’y a pas de continuité.
Fabienne: « C’est un lieu que j’apprécie. Quand on s’écarte un peu, j’aime bien. Il faut faire cet effort de sortir des sentiers balisés et organisés ». C’est un lieu hyper fréquenté l’été, que j’évite à ce moment-là. Il faut lutter contre la volonté à tout prix de créer de l’usage, contre la mise en place de terrains synthétiques par exemple, l’usage de la promenade n’est pas assez reconnu. Penser que les endroits peuvent être à destination du loisir, de la lecture… Il y a un GR dans le bois, mais il n’est pas facile d’évoluer sans croiser du goudron.
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